• J’ai 100 ans et je voudrais vous dire …

    EXTRAITS DU LIVRE DE SŒUR EMMANUELLE
    «  J’ai 100 ans et je voudrais vous dire …. »

     

    Le véritable amour, solide, durable, est celui qui cherche le bonheur des autres en même temps que son propre bonheur. Il faut que nous soyons heureux ensemble, que nous soyons « en cordée », c’est une expression que j’utilise beaucoup.

     

    Quand on s’aime, il existe une source de joie même à travers la souffrance. J’en ai connu des souffrances, j’en ai rencontré des gens qui souffraient, mais quand ils sont ensemble et qu’ils s’aiment, une source de joie jaillit dans leur monde de souffrance. Je le sais parce que je l’ai vue, et vous l’avez vue aussi, vous pouvez tous la voir si vous savez regarder les autres, partager avec eux.

     

    Un homme c’est un cœur. Le problème, c’est de laisser respirer son cœur, de ne pas l’étouffer. Alors la source d’amour pourra jaillir.

     

    L’amour pauvre, c’est l’amour purifié de l’attente de gratitude, de valorisation personnelle. On aime avec ce que l’on possède, on aime avec ce que l’on est.

     

    Je suis absolument persuadée que l’Enfer c’est soi, l’enfermement en soi et que le Paradis s’ouvre, commence, le jour où l’on regarde l’autre, on l’écoute. Alors, ensemble, on marche la main dans la main.

     

    Ce n'est pas mal, le don, c'est nécessaire, et j'ai  beaucoup fait appel aux dons. L'Association, qui poursuit cette action, a tellement besoin de dons, et il faut, il est indispensable que ça continue quand je ne serai plus là. Mais dans le don, il y a quelque chose qui va du haut vers le bas. Et il faut éviter que  l'habitude du don fasse de celui qui reçoit un mendiant toujours prêt à demander. Alors que l'on doit l'aider à faire par lui-même.

     

    Surtout, ce que je ne comprends pas, ou plutôt ce que je n’admets pas du tout, ce sont les gens qui accusent Dieu des malheurs qui les frappent. « Qu’es-ce que Dieu m’a fait ? » J’ai entendu ça, je ne sais combien de fois ! Comme s’ils rendaient Dieu responsable d’une chute ou d’un accident.

    Les hommes se font la guerre et en même temps ils demandent à Dieu de les protéger. Vous trouvez que c'est logique, normal ?

    Dieu les a laissés libres, y compris de faire le mal, de s'entretuer. Il n'a pas créé des robots téléguidés, mais des hommes capables du mal comme du bien, libres. Parce que, s'ils n'étaient pas libres, ils ne pourraient pas aimer. La liberté est la condition de l'amour. Et ce que Dieu veut, vous allez dire que je me répète, mais voilà l'essentiel - c'est que nous nous aimions. Jésus l'a assez dit : « Aimez-vous les uns les autres. ».

    Les épreuves que nous rencontrons, ce n’est pas Dieu qui nous les envois, attention, il ne faut pas penser ça, ces épreuves peuvent nous aider à progresser.

     

    Quand un homme est vraiment aimé, il va aimer, lui aussi.

     

    Je suis persuadée que Dieu écoute toute âme qui l’appelle. Les Psaumes le disent, chaque âme qui appelle est écoutée, mais ne le sait pas toujours.

     

    Parler avec soi, parler avec Dieu, dans le silence et le recueillement est nécessaire, vital. Sinon, nous sommes comme des personnages de roman qui ne comprennent pas ce que veut l'auteur, et la vie s'écrit, nous semble-t-il, comme à notre insu, et si .vite!

    La vraie vie, c'est se regarder en face, sans tricher avec soi, écouter la musique qu'il y a en nous... une partition... Nous devons la déchiffrer et y ajouter paroles, nos paroles. Aimer? C'est être attentif à la musique de l'autre et traduire ses paroles. Nous vivons en profondeur, tous, la même vie! Une vie d'humain faite de questions

    Dans le recueillement, dans la prière des réponses apparaissent. C'est ainsi pour tous, je le croîs  Un humain égale un humain. Il ne faut pas faire semblant de n'être qu'un homme parmi les hommes il faut être  l’homme unique, sans fausse humilité.

     

    Les musulmans ont un sens de la transcendance de Dieu que nous catholiques, oublions parfois, très souvent. Quand ils prient, ils ont le visage contre terre. Certains trouvent même leur attitude ridicule. Mais si l’on voyait leur visage, et on le voit quand ils se redressent, on pourrait y lire les signes de leur foi, de la grandeur de leur foi.

     

    J’ai toujours essayé de respecter tous les croyants, tous les athées aussi. Pour moi, chaque être humain à un jardin sacré, qui n’appartient qu’a lui : là où vivent ses convictions, religieuses, nationales, politiques. Je ne veux pas y entrer par effraction.

     

    Un bon modèle c’est quelqu’un qui accepte la différence, qui se bat pour l’égalité et l’équité, la justice, et surtout c’est quelqu’un qui prouve sa capacité à aimer, à partager ! C’est quelqu’un de joyeux, positif, d’optimiste.

     

    Le choix d’une religion, c’est la liberté de l’homme. C’est tout. Si un homme décide de rester ou de devenir musulman, ou chrétien, c’est sont affaire, sa liberté. L’homme est libre. Dieu nous a crées libres.

     

    Dans un lieu complètement dépouillé, un monde où il n’y rien, comme dans les bidonvilles, que reste-t-il ? Il reste l’homme. Et l’homme, pour survivre dans ces conditions, pour les accepter, est obligé de se montrer solidaire, convivial.

     

    Avec les jeunes, ce que nous avons cherché ensemble, le plus souvent, c’est ce qui pouvait les intéresser. Qu’ils fassent quoi que ce soit, mais qu’ils aient un but. Sinon, ils tombent dans l’ennui, donc l’alcool, la drogue.

     

    Ce qui importe c’est de ne jamais perdre de vue le but, aussi longue que soit la route. Il ne faut pas se détourner se laisser divertir. Par contre quand vous partager un plaisir, quand vous l’offrez, le plaisir devient du bonheur, de la joie, des joies simples qu’il faut savoir goûter avec intensité. Ce sont des haltes qui s’imposent sur le chemin. L’essentiel est de ne pas se dérouter ou, en tout cas, se donner les moyens de retrouver ma route. Et savoir recommencer quand on n’a pas réussi du premier coup à franchir l’obstacle.

     

    Etre adulte, c’est être seul, le savoir et l’accepter. C’est admettre qu’on est responsable de sa vie, de ses actes, de ses choix. Ne pas incriminer les autres, le destin, la chance ou la malchance. Même si ils existent.

    On dit que grandir c’est renoncer. Grandir, c’est être capable de chercher des solutions. C’est ce que les jeunes attendent de l’adulte, qu’il sache, qu’il sache aussi les aider à faire face. Le véritable adulte est un passeur pour les jeunes.

    J’ai 100 ans et je voudrais vous dire …


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