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Extraits de livres lus, poèmes perso, poème divers...

Contes d'Henri Gougaud : Au temps du choléra??

Au temps du choléra……

 

Au temps du choléra et de la peste noire, les gens chargés du soin du peuple avaient fait afficher aux portes des églises ce qu’il fallait savoir pour combattre le mal. Personne ne lisait ces circulaires tristes. Un jour vint à un vieux libraire l’idée de les écrire en vers. Du coup on les apprit, on les chanta partout, et le malheur fut moins rude. Sachez que pour ces gens la poésie était le plus haut bien du monde. Elle pouvait effrayer la mort. La preuve en est dans cette histoire :

Près d’Elliant, un jour, un meunier rencontra une fille au bord d’une rivière. Elle était vêtue de lin blanc et contemplait obstinément le village sur l’autre rive. Quand elle vit le garçon elle vint à son cheval.

- Bel homme, dit-elle, je veux traverser, mais je crains de mouiller ma robe.

- Belle fille, montez en croupe.

Le meunier lui tendit la main, la déposa devant Elliant. Dès qu’elle eut mis le pied par terre, la mine fière, l’œil brillant :

- Bel homme, on m’appelle la Peste. Ma sœur la Mort emportera tous les gens que je toucherai. Mais toi qui m’as rendu service, Dieu te gardera du trépas.

La Peste, comme elle l’avait dit, coucha plus de morts qu’une guerre. Et de sa rencontre avec elle le meunier fit une chanson. On chanta la Peste d’Elliant. La beauté du chant lui fit honte. La tête basse, elle s’en alla. Car il est vrai, mille fois vrai que le chant des hommes est plus fort que les trois pires maux du monde : le feu, la tempête et la peur.

(Henri Gougaud, L'Almanach)

 

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