Par renal
Lettre ouverte d'un enfant à ses parents
Maman, papa, je vous serais reconnaissant de ne pas toujours chercher à m'expliquer ce que vous avez tellement de mal à comprendre chez moi.
Maman, papa, ne perdez pas trop de temps à me raisonner, à me rassurer pour tenter d'apaiser vos peurs ou avoir le plaisir de me faire entrer dans vos désirs.
Maman, papa, pouvez-vous simplement m'écouter, sans tout de suite vous emparer de ce que je dis, sans prendre chacun de mes tâtonnements ou chacune de mes révoltes comme une remise en cause de ce que vous êtes.
Maman, papa, je vous en prie, prenez le risque de me frustrer, et même de me faire de la peine en refusant certaines de mes demandes.
Maman, papa, je vous remercie infiniment de savoir me dire non, de ne pas m'entretenir dans l'illusion que vous pouvez être tout pour moi, et que moi aussi je suis tout pour vous.
Maman, papa, prenez le risque d'entendre mes désirs, mais n'y répondez pas tout de suite. En voulant les satisfaire trop vite, vous risquez de les dévitaliser.
Maman, papa, s'il vous plaît, ne revenez pas trop souvent sur un refus, ne vous déjugez pas, restez fermes, c'est comme cela que je peux affronter les réalités qui m'entourent.
Maman, papa, pour que je puisse me situer, découvrir mes propres limites, avoir des repères clairs et m'affirmer face à vous, n'hésitez pas à me donner des limites et des interdits.
Maman, papa, même si je réagis, si je pleure, même si je te dis à toi, maman, que tu es « méchante et sans cœur », reste ferme et stable. La consistance de ton positionnement me rassure et me construit.
Maman, papa, même si je vous déçois, si je t'accuse, toi, papa « de ne rien comprendre », ne m'enferme pas dans mes réactions par un rejet ou un refus sans appel.
Maman, papa, par pitié, ne démissionnez pas. Si je tente de vous séduire, résistez ; si je vous agresse, parfois, ne m'ignorez pas. C'est comme cela que je pourrai me faire confiance.
Maman, papa, de grâce, vous n'êtes pas obligés d'être des parents 24 heures sur 24, ni même d'être parfaits ! Cela me permettra de souffler un peu et de trouver la bonne distance.
Jacques Salomé (extrait de « A qui ferais-je de la peine si j’étais moi-même ?)
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