Par renal
Origines
Les livres assoiffés comme des pyramides
Doublaient les murs de leurs blocs de savoir.
Sans bruit viraient en eux les planètes, les siècles
La volupté, l’Histoire
Et leurs voix étouffées me traquaient dans le noir.
Mille alphabets germaient aux bords de mon sommeil :
Chaque lettre, une graine et chaque mot, le ciel.
Je conjuguais à tous les temps de l’être
Le futur intérieur, l’imparfait de l’imaginaire.
Dès l’aube, l’air bruissait de syllabes-cigales
De vocables-pigeons et de versets pareils
Au vol flammé de l’ange.
Un fleuve débordait écumant de secrets.
Des forêts surgissaient de pages entrouvertes
Où des huppes puisaient l’or des milliers d'années
Et mes corps à venir attendaient que je naisse.
Certains livres étaient des pêches dont je buvais
le jus la tête renversée
d’autres des coquillages d’où s’évadaient les fables,
frissonnaient sur mon front telle une frange de cheveux
sombres
les neiges, les mirages
les criquets pèlerins de l’inconnaissable,
je décrivais dans l’ombre au sein d’une glace sans tain étrangleuse d’images
Caressant au passage le pelage des monstres
Guidé par la volupté à tête chercheuse
éperdue de liqueurs
Avide de froisser les dessous mauves de l’extase.
J’écrivais. Et mon être naissait de l’encre
lettre à lettre :
j’avais lieu dans le mot à venir.
J’écrivais comme on meurt et c’était pour survivre
Convaincu d’engendrer ainsi le dernier Livre
Que déchiffreraient sans en saisir hélas toutes les nuances
Ies grands lézards créés à l’image de Dieu.
Marc Alyn
Photo Pixabay
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