Par renal
« 1931 : L’École gratuite, laïque et obligatoire fêtait ses cinquante ans. Je m’en souviens. J’y étais : pas très âgé, mais les yeux grands ouverts. Mon père, Inspecteur d’Académie, célébra cet anniversaire dans son département avec faste et piété…
Je regardais dans les vitrines les portraits de ces hommes sévères qui avaient fondé cette école pour tous ; l’un en particulier, plus austère que les autres, au visage hérissé de piquants comme un marron de rentrée des classes : Jules Ferry le maître de tous les maîtres qui allaient faire de moi un homme.
J’apprenais un mot nouveau, le mot « laïc », dont je saurais plus tard qu’il ne signifie pas neutralité, encore moins agressivité ou sectarisme, mais ouverture…
1981. L’école fête aujourd’hui ces cent ans. Nous le savons, elle ne sent plus l’encre violette et laine humide des manteaux séchant auprès du poêle. Dans un monde devenu plus rude et plus confortable à la fois, elle s’est vue dédaignée, attaquée, détournée, noyée sous des réformes contradictoires…
L’instituteur a changé aussi, semble-t-il. Il n’est plus le juge, le seul arbitre… mais il fait toujours le même travail ardu et admirable… la même tâche lui appartient : celle d’éveiller des âmes et de faire naître des citoyens. La leçon demeure la même, la plus noble : celle des Droits de l’Homme. Celle qui s’écrivait de trois mots, étranges pour nous par la rime, sur le fronton de notre école de village :
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
Cela s’enseigne. Cela ne se divise pas. Cela se vit. Cela ne s’oublie jamais. C’est ce que l’école m’a appris.
(Claude Santelli, extraits d’Histoire d’école)
Thème Magazine © - Hébergé par Eklablog