• LA CHANSON DU RAYON DE LUNE

     

    Sais-tu qui je suis ? Le Rayon de Lune.

    Sais-tu d'où je viens ? Regarde là-haut.

    Ma mère est brillante, et la nuit est brune. -,

    Je rampe sous l'arbre et glisse sur l'eau ;

    Je m'étends sur l'herbe et cours sur la dune ;

    Je grimpe au mur noir, au tronc du bouleau,

    Comme un maraudeur qui cherche fortune.

    Je n'ai jamais froid ; je n'ai jamais chaud.

     

    Guy de Maupassant 

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  • chien201

    Le chien 

    Le chien seul en jappant s’élança sur mes pas, 

    Bondit autour de moi de joie et de tendresse, 

    Se roula sur mes pieds enchaîné de caresse, 

    Léchant mes mains, mordant mon habit, mon soulier, 

    Sautant du seuil au lit, de la chaise au foyer, 

    Fêtant toute la chambre, et semblant aux murs même, 

    Par ses bonds et ses cris, annoncer ce qu’il aime ; 

    Puis, sur mon sac poudreux à mes pieds étendu, 

    Me couva d’un regard dans le mien suspendu. 

    Me pardonnerez-vous, vous qui n’avez sur terre 

    Pas même cet ami du pauvre solitaire ? 

    Mais ce regard si doux, si triste de mon chien, 

    Fit monter de mon cœur des larmes dans le mien. 

     

     

    Alphonse de Lamartine. 


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  • LE MERLE 

     

    Un oiseau siffle dans les branches

    Et sautille gai, plein d'espoir,

    Sur les herbes, de givre blanches,

    En bottes jaunes, en frac noir.

     

    C'est un merle, chanteur crédule,

    Ignorant du calendrier,

    Qui rêve soleil, et module

    L'hymne d'avril en février.

     

    Lustrant son aile qu'il essuie,

    L'oiseau persiste en sa chanson,

    Malgré neige, brouillard et pluie,

    II croit à la jeune saison.

     

     

    Il gronde l'aube paresseuse

    De rester au lit si longtemps

    Et, gourmandant la fleur frileuse,

    Met en demeure le printemps.

     

    Théophile Gautier 

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  • PRINTEMPS

    Regardez les branches

    Comme elles sont blanches !

    Il neige des fleurs.

    Riant dans la pluie,

    Le soleil essuie

    Les saules en pleurs

    Et le ciel reflète, * Dans la violette

    Ses pures couleurs...

    La mouche ouvre l'aile

    Et la demoiselle

    Aux prunelles d'or,

    Au corset de guêpe

    Dépliant son crêpe,

    À repris l'essor.

    L'eau gaîment babille,

    Le goujon frétille Un printemps encore !

     

    Théophile Gautier


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